Interstellar

Visionnage du 5 Janvier 2020 🔗

Ce film est magistral.

Sans dec, à chaque visionnage c'est une grosse baffe. Ce film est beau, l'histoire est top, tout un tas de sujets sont abordés, scientifiquement ça a de la gueule, une part de fantastique (sisi j'insiste) et la musique qui accompagne est nickel.

Franchement, je sais que je suis lĂ©gĂšrement fanboy des films de Christopher Nolan mais celui-lĂ  est probablement mon prĂ©fĂ©rĂ©. C'est de la science-fiction vraiment haut de gamme qui sait rester sobre visuellement. On visite quelques planĂštes mais on est pas dans des trucs flashy exotiques au possible et tout. Il y a des voyages dans l'espace mais on traverse pas la galaxie d'un claquement de doigts sans aucune consĂ©quence sans refaire le plein d'essence. Non, non, lĂ  c'est de la trÚÚÚs trĂšs bonne science-fiction oĂč l'aspect scientifique a vraiment une grande place afin de servir la fiction.

Les acteurs sont bons et tout particuliĂšrement le hĂ©ros incarnĂ© par Matthew McConaughey qui pourtant avait un rĂŽle plutĂŽt archĂ©typĂ© et a sĂ» donner une profondeur au personnage. Les autres acteurs sont bons aussi, hein. Il y a juste l'arrivĂ©e de Matt Damon qui fait un “Tiens il Ă©tait pas plutĂŽt sur Mars ?!” (sans dec il aura voyagĂ© durant les annĂ©es 2010, lui).

MĂȘme la situation de dĂ©part a de la gueule : la planĂšte se meurt mais ça se fait pas dans une apocalypse horrible et soudaine. Non ici, c'est bien plus crĂ©dible, plus sournois, plus anxiogĂšne et pernicieux. C'est bien plus 
 rĂ©aliste. L'environnement devient progressivement invivable et l'humanitĂ© se retrouve petit Ă  petit sur une planĂšte aride oĂč la nourriture vient Ă  manquer. C'est un dĂ©tail tout con mais ça permet une meilleure immersion. C'est un futur plus que probable qui arrive trĂšs progressivement.

Et du coup ce futur a ses nouvelles rÚgles : il n'y a plus d'armées, le systÚme éducatif pousse la grande majorité des gamins à étudier l'agriculture pour aider la survie. C'est juste dommage qu'on ne nous le montre pas plus mais bon le film est déjà suffisamment long.

Visuellement ce film est trĂšs classieux. MĂȘme si les alternances de format d'image me frustent un peu, quand on est sur un plan 70mm on en prend vraiment plein les mirettes. Les effets spĂ©ciaux numĂ©riques sont vraiment trĂšs bien fait Ă  tel point que j'ai du mal Ă  les discerner. J'avoue ne mĂȘme pas savoir si certains plans des vaisseaux spaciaux sont rĂ©alisĂ©s via des maquettes ou purement numĂ©riques. De jouer la sobrietĂ© Ă  ce point (certains disent froid mais je suis pas spĂ©cialement d'accord) me font penser que ce film vieillira trĂšs bien.

Les plans sur la Terre sont gĂ©nĂ©ralement assez fixes et c'est seulement quand le hĂ©ros s'en va que la camĂ©ra commence Ă  avoir plus de mouvements. On a mĂȘme le droit Ă  un plan oĂč la camĂ©ra suit le vaisseau arrivant sur une planĂšte avec des nuages. DĂ©jĂ  c'est sublime, mais en plus la camĂ©ra se dĂ©place comme si elle Ă©tait elle aussi sur un vaisseau/avion/drone ce qui donne un effet de rĂ©alisme de fou alors que bon
 c'est trĂšs surement du numĂ©rique de partout. On a pas de vaisseaux interstellaires encore, non ?

Qu'est-ce qu'on voyage en plus dans ce film (bon vu le titre heureusement). Mais, par chance, ils nous Ă©pargnent les scĂšnes vues et revues de la prĂ©paration du voyage. À peine le hĂ©ros part de chez lui que sa fusĂ©e dĂ©colle. Le film fait ses trois heures mais nous Ă©pargne des passages longuets. D'ailleurs tout tourne autour du temps dans ce film. On a beau nous prĂ©venir Ă  l'avance que l'Ă©coulement du temps est relatif mais quand on se le prend dans la gueule on est tout aussi choquĂ© que les personnages. Et la musique d'ailleurs souligne aussi l'importance du temps.

Hans Zimmer a pondu une BO radicalement différente de ce qu'il nous a habitué. Ici, on est pas malmené par la musique qui se veut trÚs 
 lointaine, distante, ambiante. C'est bien de l'orgue, non ? C'est rare cette tessiture dans les films


Le seul point un peu plus nĂ©gatif c'est l'incartade dans le fantastique vers la fin. J'ai du mal Ă  y trouver une explication scientifique au tesseract du coup je ne peux m'empĂȘcher d'y voir un deus ex machina pour raccorder l'histoire. J'ai donc dĂ» prendre un tout petit peu sur moi pour ne pas dĂ©crocher mais bon ce n'est qu'un tout petit effort qui en vaut la chandelle.

Bon franchement si vous l'avez pas vu, vous pouvez y aller les yeux et oreilles ouverts.

Ha j'ai failli oublier d'en parler, mĂȘme les robots ont de la gueule. Pour une fois, ils ne sont pas humanoĂŻdes et ont l'air pratiques. Leur systĂšme de multiples jambes et de changement de forme ça semble vraiment utile en plus d'ĂȘtre stable et praticable dans pleins d'environnements. VoilĂ  voilĂ .


Visionnage du 15 Avril 2022 🔗

Je ne relis pas ce que j'avais écrit précédemment pour ne pas avoir peur de me redire, ça permettra de comparer.

L'apocalypse montrée dans ce film est vraiment cool. C'est un mal insidieux trÚs progressif. Les plants de nourritures qui s'éteignent petit à petit les uns aprÚs les autres. La poussiÚre omniprésente. Il n'y a pas de catastrophe soudaine, juste un dérÚglement trÚs progressif que l'on ne remarque pas spécialement. C'est l'analogie de la grenouille qui est réchauffée progressivement et qui se laisse piéger.

D'ailleurs je pense que du Dust Bowl qui a eu lieu dans les années 30 aux USA et Canada (ouai c'est aussi une map de TF2). C'est d'ailleurs un de ces évÚnements qui est montré dans The Grapes Of Wrath (avec la crise économique bien entendu).

C'est marrant comme au dĂ©but du film quand le pĂšre et ses gamins parvient Ă  intercepter le drone autonome qui vole depuis dix ans, Murphy se sent un peu mal et aimerait le relĂącher. Le monde est tellement ravagĂ© et l'engin tellement Ă©trange avec sa ptite intelligence artificielle et son autonomie qu'elle l'assimile presque Ă  un animal et qu'il faudrait donc le laisser partir. Et le pĂšre lui dit que s'il veut survivre il doit s'adapter “like the rest of us”. Donc il ne la contredit pas dans la façon de voir le drone comme un bestiau.

Dans ce futur proche, les USA n'ont plus d'armée. J'imagine que les humains sont en paix en train de s'éteindre à petit feu. Je n'avais jamais relevé ce détail.

À de trĂšs nombreuses reprises, il y a des plans oĂč la camĂ©ra est fixĂ©e sur la coque extĂ©rieure du vaisseau. Et je trouve que ça ajoute une part Ă©norme de rĂ©alisme. On sort des conventions filmiques de la science-fiction avec une camĂ©ra 100% libre pour les plans dans l'espace. LĂ  elle est contrainte, arrimĂ©e Ă  un Ă©lĂ©ment qui n'existe pas (encore qu'on s'en rapproche) et on a du coup l'occasion de bien voir le vaisseau sur un angle trĂšs inhabituel d'un point de vue cinĂ©ma mais finalement plus "naturel" pour nos vies de tristes humains. C'est un point de vue assez proche de ce que l'on voit lorsqu'on passe la tĂȘte par la fenĂȘtre de notre voiture, le vĂ©hicule est juste un peu diffĂ©rent. En plus on peut voir de trĂšs petits dĂ©tails du vaisseau qui ne nous aparaitraient pas avec un point de vue plus Ă©loignĂ©. LĂ  on voit les jointures entre les plaques de mĂ©tal de la coque, les rainures sur une partie du revĂȘtement, les boulons sur les encadrements de fenĂȘtres et surtout toutes ces ptites traces de doigts (enfin ça s'y apararente) sur les parties plus glossy. On a l'impression de voir une coque de tĂ©lĂ©phones portables avec ses traces de doigts gras dessus. Et ça donne vraiment le sentiment de voir un vrai objet rĂ©el avec tous ses ptits dĂ©fauts et ses signes que le truc ne sort pas d'un logiciel de 3D tout bĂȘtement.

Une fois dĂ©collĂ© de la Terre, l'Ă©quipage se dirige vers leur vaisseau de voyage l'Endurance. Ils doivent s'y raccorder et lĂ  ça nĂ©cessite une petite manƓuvre afin de se vĂ©rrouiller dessus. Le montage, la musique, les visages contris des personnages font que la tension monte. On passe Ă  l'approche finale et lĂ , la camĂ©ra passe dehors pour voir le systĂšme de vĂ©rrouillage s'agriper. LĂ  oĂč tous les films nous aurait gentiement accompagnĂ© cette action d'un bruit mĂ©tallique plus ou moins satisfaisant, non, lĂ , la camĂ©ra est dans le vide. On a le droit Ă  un silence avec juste la musique qui se termine. C'est un des ptits dĂ©tails qui distingue ce film de la masse habituelle. D'ailleurs quand l'Endurance est mis en rotation, on a aucun indice sonore mais juste du visuel.

La planÚte d'eau est terrifiante et j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi ils sortent du vaisseau. Déjà c'est bizarre qu'il y a de l'eau partout mais qu'il n'y ait pas de fond. Ils ont pied. Et s'ils ont pied, comment se fait-il que les débris du vaisseau ne soient pas plus visibles. Et puisqu'ils ne sont pas visibles pourquoi ils sont sortis ?

spoils

Lorsque l'équipage arrive sur la planÚte du Dr Mann, il le trouve, le décongÚle toussa. Mais c'est assez étrange de ne pas avoir été capable de scanner la planÚte au préalable et de se rendre compte en orbite qu'elle n'était pas spécialement habitable. Pareil pour le Dr Mann d'ailleurs.

Évidemment, c'est un gros connard qui met Ă  la mal toute l'humanitĂ© dans le but d'ĂȘtre sauvĂ© mais j'arrive Ă  le comprendre. Le mec s'est auto-isolĂ© complĂštement, seul, psychologiquement ça a dĂ» le dĂ©traquer. Mais malgrĂ© ça, il n'est pas non plus un monstre. Lorsqu'il parvient Ă  fendre le casque de Cooper, il dit qu'il ne peut pas assister Ă  son agonie.

Le film est assez froid. Quand un membre meurt, les autres ne l'Ă©voquent pas vraiment. Ils ne prennent pas de temps pour pleurer ces pertes.

Mine de rien, la mission avait un plan A et un plan B et 
 bha 
 ils vont parvenir (probablement) les deux simultannément.

Pour rappel le plan A c'est de faire Ă©vacuer une grande partie de l'humanitĂ© terrestre. Afin de pouvoir dĂ©rouler ce plan, il faut parvenir Ă  maĂźtriser la gravitĂ© et donc il y a un problĂšme mathĂ©matique Ă  rĂ©soudre. Le Dr Brand pense Ă©chouer mais Murph persiste Ă  trouver le morceau manquant. Et bien je trouve que ce morceau manquant est une sorte de McGuffin. Les personnages partent en quĂȘte de ce truc sans qu'on ne le voit jamais, il est souvent mentionnĂ©, il nous est un peu expliquĂ© mais pas plus. C'est au final un personnage secondaire (Tars) hors champs qui met la main dessus.

Les retrouvailles finales avec Murph sont toujours un peu lĂ©gĂšres et trop brĂšves. J'aurais tellement aimĂ© le voir venir raconter tout son voyage. D'ailleurs le reste de la famille n'en a visiblement absolument rien Ă  carrer du retour du mec qui a sauvĂ© toute l'humanité 

Bon bha comme d'hab j'ai pas Ă©tĂ© déçu du voyage. À quand un autre film identique de la part de Nolan ? Je veux exactement pareil ! C'est trop bien.